Depuis la mort de mon père en 2021, sa cote n’a fait que monter, reflet déformé de la force de son œuvre et de sa pérennité. Lui qui n’accordait aucune importance à la phynance (Jarry) aurait été très étonné d’assister à cette étrange ascension des prix dans les salles de vente.
Ce phénomène a entraîné une conséquence fâcheuse : partout, Richard Bouvier est devenu le synonyme, non d’une recherche de l’absolu dans l’expression des mains, mais d’une possible bonne affaire, d’un placement juteux. Peu à peu, les amateurs sensibles et éclairés ont cédé la place aux investisseurs et les mains de mon père ont quitté les lieux de vie où ils étaient exposés pour disparaître dans les entrailles glacées de quelques coffres-forts.
Mais le train du succès avait aussi ses passagers clandestins, des malfrats attirés par l’odeur de l’argent, travaillant pour des trafiquants d’art ou des collectionneurs sans scrupule. Alors que mon père conservait ses sculptures et ses tableaux dans un atelier qu’il ne se souciait pas de verrouiller, il devenait soudain urgent de les mettre à l’abri des convoitises.
À ce jour, nous dénombrons quatre vols :
- Monsieur Philippe M., un collectionneur parisien, a subi un cambriolage le 17/11/24. Seule a disparu une des Mains de la mémoire, alors qu’elle se trouvait dans un coffre contenant des métaux précieux dont monsieur M. fait le commerce (voir à ce sujet mon billet récent).
- Une des rares compositions restantes des Mains du silence a été dérobée au cours d’une vente caritative à Genève le 12/12/24.
- Un plâtre préliminaire des Mains de l’absence a été subtilisé dans les réserves d’une galerie de Bruxelles dans la nuit du 5 au 6/1/25.
- La plus belle des Mains de solitude réalisées en verre a été volée à l’arrachée pendant son déménagement d’un musée d’art à Stuttgart le 21/2/25.
Nous travaillons avec les services de police des pays où ont eu lieu les vols afin qu’ils saisissent Interpol en vue d’une enquête internationale. Pour l’instant, nos démarches n’ont pas abouti.
Émilie Bouvier-Oru
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