En 1998, mon père a exposé Mains de la Mémoire à la Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois à Paris. Cette série est née après la mort de ma grand-mère, Nathalie, en 1996. J’avais 10 ans, et je me souviens de papa sculptant de petites mains en argile dans notre appartement. Ces œuvres, exposées deux ans plus tard, étaient un adieu intime à sa mère.
Chaque sculpture était petite, presque fragile, comme si elle pouvait se briser au moindre toucher. Certaines mains tenaient des objets symboliques : un galet, une fleur, un morceau de tissu. Papa m’a raconté qu’il avait sculpté ces mains à son chevet, pour lui offrir un peu de réconfort. Une main en bronze, tenant une plume, représentait les lettres qu’il n’avait jamais pu écrire à sa tante dominicaine.
L’exposition à la Galerie Vallois était empreinte de douceur. Les visiteurs, souvent émus, voyaient dans ces mains un hommage universel à ceux qu’on perd. Pour moi, Mains de la Mémoire est un trésor. Ces sculptures me rappellent les derniers moments de ma grand-mère et l’amour que papa lui portait, un amour qu’il a su transformer en art.
Émilie Bouvier-Oru
Répondre à Nathan V. Annuler la réponse